10-08-2014
Tandis que les attaques sur Gaza se sont redoublés…. Lettre d’un correspondant
Vendredi 8 août
“Journée de rage” des masses
palestiniennes en Cisjordanie
Vendredi nous avons participé à la "Journée de rage". Il s’agit, en fait, de la suite des manifestations de vendredi après la prière. C'était en réalité la suite des mobilisations qui se réalisent depuis le début de l'attaque sur Gaza et du combat des masses palestiniennes en Cisjordanie pour leur terre, pour arrêter le génocide, contre l'occupant sioniste et parce qu’elles vivent dans une vraie prison où il n'y a pas de travail et ni de pain, mais où il ne manque pas de forces pour combattre.
C‘est la vérité : la "journée de rage" est la suite du combat que mènent en avant les jeunes combatifs avec les femmes: des mères et des sœurs de la majorité des martyrs. Toutes les activités et manifestations ont un objectif: en finir avec l'occupation sioniste. Que ce soit au quartier-champ près de Ramallah, à Qalandia, à Bil'in, à Naplouse ou à Hebron, on se mobilise contre le mur, contre les colonies.
Dans chaque combat les jeunes laissent tout. Ils savent que le sionisme peut tirer sur eux, ils savent qu’ils peuvent aller en prison, qu’ils peuvent être de nouveaux martyrs; mais ils résistent, ils ne veulent pas mourir en silence.
Cette "journée de rage" -comme quelques médias internationaux l’appellent- a secoué non seulement la Cisjordanie mais les grandes capitales européennes, des villes de l'Afrique, tous les exploités et la jeunesse du monde se sont levés pour arrêter le génocide et pour dénoncer que ceux qui financent cet état sioniste fasciste ce sont les États-Unis, la France et toutes des puissances impérialistes.
C'est que les masses du monde se lèvent parce qu'elles ne permettent pas que leurs frères de classe de Gaza continuent à être massacrés, après le cessez-le-feu de 72 heures et tandis que les partis politiques comme l'OLP ou les autres qui se disent "démocratiques" et qui sont dans le parlement, négocient la "paix des cimetières" avec Israël et Le Caire - commandés par l'ONU, Obama et le reste des puissances impérialistes.
Les masses de Cisjordanie, leur jeunesse et les femmes qui habitent dans les villes et les villages de toute la Palestine occupée veulent entrer au combat. C'est que les masses de Gaza ne sont pas les seules à être massacrées, mais dans chaque combat pour "le droit d'avoir la Nation Palestine" contre les forces sionistes il y a de nouveaux assassinés par l’envahisseur. Pendant la journée du vendredi il y a eu deux morts en Cisjordanie (fait que toute la presse internationale étouffe, comme elle fait aussi avec les 6000 prisonniers palestiniens qui meurent dans les cachots du régime sioniste), et tous les peuples et champs se sont levés pour faire face aux forces sionistes.
Toute la Palestine d’ouvriers, de jeunes chômeurs, de dépossédés des terres, et des femmes se soulève au jour le jour.
Vivre, de l’intérieur même, les événements de cette nouvelle intifada qui a commencé, engage ce correspondant à entrer dans elle d'une forme active. Nous ne couvrons pas "objectivement" ce combat héroïque, comme disent les journalistes bourgeois. Nous sommes des porte-parole et des correspondants des intérêts de la classe ouvrière et de tous les peuples oppressés du monde.
À certains moments ma caméra et mon graveur entrent dans mon sac à dos … Avoir l'honneur de prendre une pierre et combattre avec cette héroïque jeunesse palestinienne, c'est un orgueil …
Samedi après-midi, on sentait dans l'atmosphère des villages et des villes de Cisjordanie que j'ai pu parcourir un sentiment de liberté et de joie parmi les groupes de jeunes que j'ai connus et avec qui j'ai eu le plaisir d'être et d'accompagner dans leurs barricades. Ils savaient parfaitement que ce qu'ils avaient fait dans leur ville avait été généralisé, non seulement dans la Palestine occupée, mais dans tout le monde, où l’on s’est mobilisé pour arrêter le génocide à Gaza.
Samedi à midi. Je suis allée à l’un des champs où on rendait hommage aux lutteurs de l'intifada. J'ai pu marcher au cimetière : les jeunes et les hommes d'abord, ensuite les femmes, en tête la mère et sœur du martyr avec des panneaux écrits en arabe et des photos de lui : un jeune de 19 ans assassiné par les forces sionistes. Jusqu'à l'arc de l'entrée de la ville, des hommes armés sans aucun type d'inscription ont tiré des balles à l'air dans l’honneur du martyr. Puis la mobilisation a suivi son cours vers le cimetière et ces hommes armés sont restés sur le champ, ou du moins leurs armes. Les consignes de la mobilisation étaient en arabe et en anglais, la consigne principale chantée était : « 1, 2, 3, 4, Occupation pas plus! 5, 6, 7, 8 Israël : état fasciste! » (One, two, three, four Occupation non more, 5, 6, 7, 8 Israel: fascist state!).
À peine le martyr a été enterré, avec une photo de lui et un drapeau palestinien à chaque bout de la tombe, les jeunes sont sortis en courant en haut de la colline pour aller se battre contre les établissements des colons.
Ici je veux faire une parenthèse du récit.
Selon les traités d'Oslo signés dans les années 1993/1995 et suivis à la lettre par l'OLP, la Cisjordanie restait divisée en trois zones :
La zone A est celle sous le contrôle civil et de sécurité de l'OLP, la majorité des villages. Avec sa police, la bourgeoisie palestinienne de l'OLP est celle qui va contrôler l'ordre et mettre une limite à la levée de masses en Cisjordanie. Quand un choc ouvert commence contre l'envahisseur sioniste, cette "police palestinienne" se replie. Quand elle ne peut pas contrôler et qu’elle a besoin de l'aide - il semble incroyable mais c’est vrai– elle appelle les forces sionistes. Cette "police" est un vrai dispositif militaire pour contrôler et pour réprimer les masses palestiniennes.
La zone B est sous le contrôle civil de Palestiniens et les forces de sécurité sont israélites et palestiniennes. Dans cette zone les grandes villes sont concentrées. Par exemple avant que le massacre commence à Gaza sous prétexte de " chercher trois colons " qui en réalité avaient été renversés dans un accident de route à Tel-Aviv, les forces sionistes sont entrées à chaque ville telles que Ramallah ou Hébron, sous la protection des Traités d'Oslo si respectés par l'OLP.
Par ailleurs, la zone C est sous le contrôle des forces sionistes dans le plan de sécurité, de planification et de construction. C'est cette zone où se trouvent la plupart des établissements de colons fascistes armés jusqu'aux dents et elle constitue une grande partie de la Cisjordanie d'aujourd'hui. C'est-à-dire, où l'état sioniste fasciste d'Israël, donnant un fusil à chaque colon, a enlevé leur parcelle aux paysans palestiniens ou leurs maisons aux ouvriers.
Il suffit d'observer les cartes de la Palestine d'aujourd'hui pour voir que chaque campement ou ghetto où est confiné le peuple palestinien est entouré de l'armée sioniste qui défend la terre aux colons.
Revenant au récit, certains d'entre vous voudront imaginer - tel qu’on le voit sur les photos que j’attache - que l'OLP ou ses gardes de contrôle ont été dans la "journée de rage" à côté des jeunes palestiniens en faisant face à l’état sioniste fasciste d'Israël. Ce n'est pas comme cela. Quand le choc avec les forces sionistes a commencé, cette police a disparu.
Ainsi agit la bourgeoisie palestinienne de l'OLP. Elle est le gardien des "accords d'Oslo" et de la reconnaissance de l'état sioniste d'Israël en contenant son propre peuple.
Il vient à ma mémoire les grandes gestes révolutionnaires des masses palestiniennes contre l'état envahisseur sioniste dans l’année 2000. À ce moment-là, les masses se sont armées avec les armes de la bourgeoisie palestinienne pour entrer dans le combat contre l'envahisseur sioniste dans de grandes luttes révolutionnaires.
D'ailleur, il attire l’attention la grande quantité d'ONG ou de coalitions du Forum Social Mondial et de la gauche européenne qu’il y a ici en Cisjordanie et qui s’autoproclament "pro-palestiniennes". Mais en réalité elles revendiquent les accords d'Oslo et le plan des "deux états", c'est-à-dire, la reconnaissance de l'état sioniste envahisseur. Elles sont les autres forces de contrôle des masses palestiniennes, pour empêcher le choc avec le sionisme et pour les maintenir incarcérées dans des ghettos.
Ces organisations donnent des crédits pour de petits secteurs de la population pour les coopter pour l'OLP … elles ont une incidence sur les masses palestiniennes pour qu’elles ne retournent pas au chemin révolutionnaire … et tout cela derrière un manteau de "solidarité". Mais à l'heure des chocs avec le sionisme des héroïques femmes, enfants et jeunes palestiniens, cette "solidarité" n'apparaît pas, on ne la voit pas dans les rues. Elles se barrent littéralement. J'ai pu le voir de mes yeux. Où pleuvait des balles des troupes sionistes, elles n’y étaient pas.
Ces personnes sont là pour proclamer que la solution de la nation palestinienne est la politique de deux états d'Obama. Elles y sont pour dire aux masses palestiniennes que les méthodes de lutte à prendre, c'est l'Intifada non-violente. Elles y sont pour dire aux jeunes palestiniens et aux mères des martyrs qui avec une Palestine "démocratique" à côté d’un état "Israélien" il y aura la paix et la liberté. Elles viennent prêcher la "paix" dans les ghettos où les parias palestiniens sont incarcérés.
Ces personnages - parce qu’à vrai dire ils n'ont pas d'autre nom - avec les partis minoritaires du gouvernement disent être critiques de l'OLP. Ils se positionnent à sa gauche pour mieux contrôler les masses, et disent qu’"ils ne partagent pas les méthodes violentes de Hamas".
À travers les ONG, le gouvernement essaie de contrôler les comités populaires qui par la base organisent les masses palestiniennes en lutte. C’est à travers les comités "nationaux" et "régionaux" que cette énorme pression et le contrôle est exercé sur les exploités qui à chaque pas cherchent à entrer au combat pour leurs frères de Gaza.
Dans ces comités nationaux et régionaux il y a les ONG, les partis social-impérialistes européens qui apportent de la "solidarité", le PC palestinien, les dirigeants de syndicats qui veulent s'imposer pour contrôler l'avant-garde combative de l'intifada. C'est que, les jeunes, les enfants et leurs mères résistent et se battent dans les barricades, n'acceptent pas la politique de "deux états" et dépassent pour cela les dispositifs qu’on essait de leur imposer à chaque pas.
Par village, par quartier et par ville, les masses palestiniennes de Cisjordanie et de toutes les villes occupées s’organisent dans des "comités populaires". Ceux-ci essaient d'être contrôlés, comme nous avons déjà dit, au niveau régional et national. Mais quand la lutte commence, dans le choc contre les envahisseurs il n’y a que les masses et leurs jeunes organisés, l'avancée du combat des exploités palestiniens.
Qui est-ce qui se bat alors ? Les masses. Comment s’organisent-elles dans les luttes ? Dans les barricades. C'est le vrai organisme des masses en lutte. Là se bat la base des comités locaux : la jeunesse, les travailleurs et les courageuses femmes palestiniennes, qui donnent le soutien et l’appui à leurs enfants et leurs maris qui combattent. Voilà l'avancée de la lutte des masses. Comme dit le programme des combattants pour la IVe Internationale : place à la jeunesse et à la femme travailleuse!
Ces énormes forces ne pourront jamais être noyées, ni par l'envahisseur sioniste ni par les administrateurs collabos des ghettos palestiniens. Ces forces je les ai vues intactes.
Pour cela il y a eu un processus contradictoire. Il y a quelques semaines, quand on a essayé de mettre en place un gouvernement d'unité entre l'OLP et Hamas, les masses palestiniennes ont pris le moment comme une grande occasion d'ouvrir le chemin à l'affrontement et à l'échec de l'occupant sioniste. Mais, pour la bourgeoisie palestinienne, cet accord de l'OLP et de Hamas était planifié pour que celui-ci, terminant de reconnaître l'état sioniste, puisse négocier la levée du blocus et ses affaires.
Une nouvelle intifada commençait … Les masses palestiniennes sont "têtues". Elles ont déjà compris qu'il n'y aura pas de terre, ni de pain, ni de travail digne s'elles ne battent pas l'envahisseur qui leur vole la terre et maintient la plupart des jeunes au chômage, utilisés comme des esclaves dans les usines et les terres des multinationales et des colons sionistes.
L'attaque à Gaza est une leçon pour les masses de Gaza mais aussi pour celles de Cisjordanie et de toute la Palestine occupée, pour qu’elles acceptent l'état sioniste.
Ce que j'ai pu voir dans ce "vendredi de rage", c’est les masses se battant avec pierres contre l'une des armées les plus puissantes du monde. Ce sont les masses celles qui démontrent être des vraies anti-impérialistes et antisionistes au contraire de tous ceux qui disent l’être. Dans la barricade la question est claire : les masses ne se battent au côté d'aucun dirigeant des comités régionaux ou du comité national, là-bas il n’y a aucun membre des courants de gauche ou des syndicats. Il n'y a pas de brigadistes internationalistes se battant avec elles. Voilà ce qu’est tragique. L’héroïsme des masses, il y en a de trop. Mais malheureusement, il y a aussi trop de collaboration de classes et de servilité envers la bourgeoisie de la part des directions des organismes des masses et des courants de la gauche … Il y a un effort organisé pour que cette bataille inégale ne finisse pas. Chaque colon qui vole la terre aux Palestiniens a un fusil.
L'armée sioniste est armée jusqu'aux dents. Cela suffit! Pour chaque homme palestinien, un fusil! Pour l'armement généralisé des masses palestiniennes!
Assez de "brigades" des partis social-impérialistes européens qui viennent jeter de l'eau sur le feu de la révolution! Pour des brigades ouvrières internationales pour venir combattre l'envahisseur à côté de la jeunesse et des martyrisées masses palestiniennes!
La coordination et la centralisation des combats de barricades surgit dans chaque pas en avant de l'intifada. Assez de police palestinienne qui contrôle son propre peuple dans les ghettos! Pour la mise sur pied de milices ouvrières et paysannes palestiniennes pour faire face aux troupes d’invasion dans tout le territoire occupé!
Les forces pour cette bataille et pour casser l’encerclement à Gaza se trouve dans les masses du monde entier. Il faut imposer un blocus et un embargo contre l'État Sioniste d'Israël! Il ne faut pas embarquer ni approvisionner de bateau qui emmène des aliments et des provisions pour le sionisme! Il faut déclarer une lutte et un combat de siège aux ambassades sionistes dans le monde entier! Il faut siéger Wall Street! Il faut en finir avec les parasites impérialistes qui financent le sionisme génocidaire!
Il retentit toujours dans les rues de Gaza, n’en déplaise à toutes les directions collaboratrices avec le sionisme dans et hors la Palestine Occupée :
1234, occupation pas plus! 5678, Israël : état fasciste!
Pamela Parsons
Correspondante |