Afrique du Sud - Le 12 avril 2022
Sous le regard complice du gouvernement ANC-PC
Des groupes fascistes attaquent les immigrés
Il y a quelques jours dans la ville de Diepsloot, Elvis Nyathi immigré, pauvre, Zimbabwéen a été tué. Malheureusement, ce n’est pas une coïncidence, ces dernières semaines, il y a eu une augmentation des attaques de groupes xénophobes contre les immigrés, en plus du fait que 58 Sud-Africains sont tués quotidiennement pour des raisons d’insécurité.
L’organisation xénophobe Dudula, dont son but est de « nettoyer la rue des immigrés illégaux d’Afrique du Sud », montre la partie la plus opprimée de la classe ouvrière, non pas comme un peuple, mais comme une substance polluante. Ces fascistes leur ont déclaré la guerre et ces dernières semaines, les attaques se sont multipliées dans la municipalité d’Alexandra, dans le Cap-Occidental. Ils sont regroupés dans une organisation appelée Opération Dudula qui parcourt les quartiers pauvres de certaines localités, dans de véritables patrouilles, à la recherche d’immigrés, pour les battre et ainsi leur rendre la vie impossible pour qu’ils retournent dans leur pays d’origine. Ce qui est scandaleux, c’est que Dudula s’en prend aux immigrés sous le regard de la police ANC-PC elle-même, qui laisse ces fascistes faire le sale boulot de les battre. Et avec PutSouthAfrica First, organisation sœur de l’Opération Dudula, ils utilisent les travailleurs immigrés comme bouc émissaire pour les maux économiques et sociaux qui ravagent ce pays.
Il y a plus de quatre millions d’immigrés en Afrique du Sud, soit environ 10 % de sa population. Les attaques xénophobes et le harcèlement des réfugiés, des demandeurs d’asile, des migrants économiques et d’autres « étrangers » sont alimentés à la fois par la presse et certains partis politiques. Tous blâment les immigrés pour la crise économique et sociale du pays. Ils les dénoncent pour le simple fait d’être nés ailleurs.
C’est la raison pour laquelle, une vague de sentiments xénophobes s’est donc imposée. C’est qu’avec cette rhétorique, ils divisent la classe ouvrière, les exploités et les peuples pauvres des travailleurs immigrés qui viennent dans ce pays en fuyant de la faim, à la recherche de travail, pour pouvoir nourrir leurs familles, avec l’illusion de pouvoir vivre un peu mieux que dans leur pays.
Les immigrés enlèvent-ils des emplois aux Sud-Africains ? S’il s’agit de travailleurs isolés et à la merci de tout employeur, alors ce sont des travailleurs à bon marché. Et la loi les rend sans droits et sujets à l’expulsion s’ils sont pris sans papiers.
Alors qu’en réalité les souffrances des masses sont le produit exclusivement des transnationales et de l’impérialisme qui pille le pays, mais évidemment les partis politiques de la bourgeoisie blanche et le gouvernement de l’ANC lui-même incitent d’une manière ou d’une autre les Sud-africains contre les affamés qui arrivent du Lesotho, du Mozambique, du Zimbabwe.
Les partis de la bourgeoisie blanche, le gouvernement de l’ANC et même Malema dont son organisation prétend défendre les travailleurs noirs... ils sont contre les immigrés.
Julius Malema des Economic Freedom Fighters (EFF) menace d’expulser les immigrés qui travaillent sans les documents requis. C’est une blague, si la plupart d’entre eux sont illégaux, ils n’ont pas de documentation !
Évidemment, ils n’ont pas de papiers, mais ce n’est pas parce qu’ils refusent de les obtenir, mais que le système d’enregistrement du ministère de l’Intérieur est totalement obsolète, inopérant, sans dossiers, avec certains bureaux fermés aux frontières depuis 2012. Ils n’ont pas d’infrastructure, leurs dossiers sont vieux et ils prennent le temps d’enregistrer l’entrée des gens. C’est-à-dire que, pour des raisons administratives et évidemment politiques, même la documentation provisoire n’est pas accordée. Ainsi, presque tous les immigrés sont sans papiers. Et s’ils ont des enfants sur le sol sud-africain, ils ne sont pas enregistrés, ils ne reçoivent pas de certificat de naissance, ils ne reçoivent qu’un papier avec une date de naissance et ils enregistrent qui sont leurs parents.
D’autre part, l’Alliance démocratique, une organisation de Blancs, anglophones, bien qu’elle ait modifié son manifeste électoral de 2019 où elle soulignait la nécessité de frontières plus strictes et d’un contrôle accru sur les immigrés, tout en condamnant les attaques contre les immigrés, soulève la nécessité d’un système basé sur des points qui classent les immigrés en fonction des « compétences et de l’éducation ». Ce qui, certainement, favorise les travailleurs ayant des ressources et des qualifications formelles en laissant de côté les plus pauvres et ceux qui ne pouvaient pas accéder ou terminer l’école.
Le chef d’ActionSA, un parti de centre-droit, H. Mashaba, maire de Johannesburg, a harcelé des immigrés, les accusant, de manière inhabituelle, que le stade FNB risquait de s’effondrer « à cause des activités illégales menées par les immigrés dans les sociétés minières ». Il y a quelques semaines, sur les réseaux sociaux, ce personnage connu pour sa rhétorique controversée contre les « ressortissants étrangers », a relancé le « plan d’immigration » d’ActionSA publié pour la première fois par son parti en 2020. Où il déclare que « le problème n’est pas que les citoyens d’autres pays ont choisi notre pays comme leur maison, mais que trop d’étrangers entrent en Afrique du Sud sans suivre le processus d’immigration légale ».
Il semble incroyable que le gouvernement ANC-PC, qui a été celui qui a levé et est resté avec le drapeau de la lutte contre l’apartheid, qui est le même qui détourne le regard et bien qu’il dénonce les attaques contre les immigrants, il le fait alors que les faits sont déjà produits. Il condamne l’opération Dudula, mais continue de parler et d’agir comme si les immigrants menaçaient les Sud-Africains. Il a même présenté une loi qui limiterait le nombre d’immigrants qui peuvent travailler dans des secteurs économiques spécifiques.
L’ANC-PC est responsable de l’existence de groupes xénophobes et de la situation dans laquelle vivent non seulement les masses pauvres d’Afrique du Sud, mais aussi les immigrants. Ce régime les traites pires que l’impérialisme yankee ne traite les travailleurs noirs, ou comme l’impérialisme européen traite les immigrants africains. Ce n’est pas une coïncidence : le même PC qui est dans le gouvernement de l’ANC et dans la direction du COSATU, est celui qui, depuis les directions des organisations ouvrières en Europe, divise les immigrants des travailleurs de chaque pays et les laisses libre à la pire exploitation de l’impérialisme.
Assez de morts d’immigrés ! Nous sommes une seule classe. Ne permettons pas qu’on nous continue à nous diviser !
Mettre le pied sur la poitrine de toutes les organisations fascistes qui nous tuent quotidiennement comme le Mouvement Dudula, Put South Africa First, etc. Il faut mettre sur pied des comités armés d’autodéfense, dans chaque usine, établissement, école, dans chaque mine, par quartier, par région
Le COSATU doit rompre avec l’ANC-PC, ce régime de réconciliation, en levant les revendications des immigrants y compris leurs papiers, parce qu’ils sont le secteur le plus opprimé de notre classe. Il doit les incorporer dans ses syndicats avec tous les droits et d’avantages des travailleurs autochtones y compris la protection de leurs familles. Nous sommes une seule classe continentale. Unité de la classe ouvrière de tout le continent. Légalité, travail digne et logement pour tous.
Pour résoudre le problème de la faim, il faut rompre avec l’impérialisme ! Il faut exproprier toutes les terres en Afrique du Sud sans compensation et la remettre aux paysans pauvres. Expropriation des banques sans compensation, pour donner des crédits, des semences, des outils, des machines à bon marché aux paysans. Banque nationale unique.
Expropriation sans rémunération et sous le contrôle ouvrier de toutes les transnationales qui pillent le continent et la bourgeoisie noire esclavagiste de son propre peuple !
La lutte pour la libération nationale de l’Afrique du Sud doit mettre sur pied un gouvernement ouvrier et paysans pauvres basés sur les organismes et d’auto-organisation armés des masses en lutte.
CORRESPONDANT
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