Colombie -Le 6 septembre 2022
APPEL POUR LA LIBÉRATION DES PRISONNIERS POLÍTIQUES ET POUR JUSTICE POUR LES VICTIMES DE LA GREVE DU 28 A.
PUERTO RESISTENCIA- SILOE – LOMA DE LA DIGNIDAD, CALI, COLOMBIE.
Nous, les familles et les amis des victimes, des assassinés, des disparus et des emprisonnés pendant les journées de la grève nationale du 28 A 2021, qui luttons inlassablement et continuons à chercher la justice, la vérité et la réparation pour les morts et les violations des droits de l’homme de la part de la police, de l’ESMAD et des forces para-policières, nous appelons à mettre en place un Comité national de lutte pour la justice pour les compagnons tués et blessés, pour l’apparition en vie des compagnons disparus et pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques.
Fin avril et début mai 2021, nous sommes sortis dans les rues pour faire face à une réforme du travail et de la fiscalité qui signifiaient une attaque qui nous plongeait encore plus dans la misère et l’exploitation du travail. Cela a précipité un soulèvement qui a culminé dans les journées héroïques de Grève du 28 A qui ont ébranlé un des régimes les plus sanguinaires du continent, avec Duque, la marionnette uribiste, à la tête. C’est pourquoi le gouvernement a lancé une répression brutale contre nous.
Les mères, les frères et les familles, nous voulons dénoncer le fait que nous n’avons pas eu justice parce que cet État répressif et meurtrier cherche à punir cette jeunesse aguerrie des Premières Lignes qui défendait héroïquement la lutte populaire faisant face à la répression.
Ils ne pouvaient pas nous laisser nous rebeller après de longues années de soumission et de massacre, cherchant un changement, pour un système plus juste. Les seuls "crimes" que nous avons commis ont été ceux de réclamer un emploi, l’éducation, l’illusion de prendre la retraite un jour, et cela nous a valu d’être accusés de vandales et de terroristes.
Des organisations de défense des droits humains comme l’ONG « Temblores » et l’Institut d’études pour le développement et la paix (Indepaz) signalaient, il y a un an, 3405 cas de violence policière et 1445 arrestations arbitraires. Aujourd’hui, on signale 44 compagnons tués par la police au moyen d’armes à feu, 207 blessés avec un pourcentage élevé de lésions irréversibles, notamment au visage comme des lésions oculaires, 198 emprisonnés et encore 60 autres assignés à résidence.
Ce régime criminel ne s’est pas arrêté et notre cri d’hier « SOS Colombie, ON NOUS TUE » est toujours d’actualité, car même si certains compagnons ont été libérés -surtout des enfants mineurs-, nous devons dire qu’aucun des responsables n’a payé pour les graves exactions, abus et conséquences psychologiques que ceux-là subissent.
Les cadavres de nos compagnons qui, par leur sang, ont irrigué les fleuves de Colombie, réclament toujours justice...
Les compagnons de la Première Ligne sont toujours détenus dans les sales prisons du pays. Les compagnons qui se trouvent au Centre Pénitentiaire de Palmyre entament leur quatrième jour de grève de la faim alors que la même "Justice" d’hier et d’aujourd’hui réalisent de nouvelles arrestations.
Maintenant, on nous dit que ce sera le Parlement qui réexaminera au cas par cas la situation des 198 prisonniers, chose que NOUS NE POUVONS PAS PERMETTRE! Il n’y a rien à examiner : LES COMPAGNONS SONT INNOCENTS ! Ceux qu’il faut enquêter ce sont ceux qui ont commis ces crimes atroces pour lesquels personne n’a répondu et dont les responsables sont toujours en liberté. L’ÉTAT EST LE RESPONSABLE !
Une des revendications pour lesquelles nous avons gagné les rues il y a plus d’un an était la dissolution de l’ESMAD, promesse de campagne électorale de Petro aujourd’hui président de la république. Il n’a pas tenu sa promesse et il cherche à maquiller cela sous la forme d’un "dialogue" avec les futurs manifestants.
Donc, nous ne pouvons pas abandonner nos revendications face aux promesses du nouveau gouvernement. Et pour joindre des nouvelles forces, depuis les familles nous convoquons toutes les organisations politiques des travailleurs, les organisations syndicales, des paysans, des étudiants, du peuple et des Droits de l’Homme à faire partie de ce Commando National de Lutte pour unifier notre combat en un seul. Il s’agit du même combat mené ailleurs dans le monde par des mères, des frères, des familles contre les gouvernements et les régimes meurtriers et oppresseurs qui tuent, qui torturent, qui emprisonnent et qui font disparaître ceux qui viennent réclamer ce qui est juste.
S’ils touchent à l'un de nous, ils touchent à nous tous ... Un même combat, un même ennemi !
Nous ne pouvons pas rester isolés.
Jugement et punition des assassins et de tous les responsables du massacre contre les travailleurs et le peuple colombien!
Commissions indépendantes ouvrières et populaires pour juger et punir les assassins du peuple.
Dissolution de la police et de l’ESMAD !
Libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques!
Apparition vivante des disparus !
Nous étendons ces revendications pour tous les assassinés, les prisonniers et les persécutés dans le monde.
Sans Justice, il n’y aura pas de paix !
Signataires :
« Flaco » Délégué de la Première Ligne de Siloé,
Jota Délégué de la Première Ligne de Loma de la Dignidad.
Pao porte-parole de la Première Ligne de Loma de la Dignidad.,
Santi, Clau, Lina membres de la Première Ligne de Loma de la Dignidad.
Nena Nelly Sánchez Torres, mère de Cristian Javier Delgadillo Sánchez, jeune assassiné à Paso del Comercio, Cali le 4/06/2021.
Daniel Stewart Medina Muñoz ancien prisonnier politique et l’un des trois jeunes mineurs arrêtés au rond-point de Siloé, en mai 2021.
Pilar Muñoz, mère de Daniel Steward Medina Muñoz.
Depuis la prison de Palmyre :
David Alfonso Bernal Piamba
Yiduar Mondragón Paredes
Jhon Jairo Cambindo Moreno
Jhontan Vargas Cardona
Mauricio Tierradentro Sarmiento
Geison Andrés Ospina Monsalve
Victor Andrés blandon Preciado
Geison Andrés Caicedo Ortiz
Niver Vallejo Angulo
Kevin David Cerón Díaz
Dennis Daniel Pérez Grisales
Epifanio Domínguez
COMITÉ DE PRISONNIERS POLITIQUES DU SOULÈVEMENT SOCIAL DE LA PRISON DE PALMIRA (CPPESCPAL).
Familles des prisonniers politiques des Premières Lignes de Cali emprisonnés à Palmyre. |