Georges Ibrahim Abdallah, « Arabe, communiste et pro-palestinien » : tout ce qui fâche !


lundi 13 janvier 2014


FRANCE, Lannemezan le 26 Octobre 2013 : Manifestation pour demander la libération du militant libanais
Georges Ibrahim Abdallah, en face de la prison de Lannemezan (sud-ouest de la France) où il est détenu depuis 30 ans.  

Après, Calonne-Ricouart et Grenay, deux villes du Pas de Calais, Bagnolet, en banlieue parisienne, a à son tour, le 11 décembre dernier, fait de Georges Ibrahim Abdallah, libanais d’origine et plus vieux prisonnier politique français, un citoyen d’honneur de la ville.

 

Une soirée-hommage, à l’initiative du Groupe des associations de Bagnolet (GAB), est organisée ce jeudi 16 janvier à 19h au Cin’Hoche. Accusé de complicité d’assassinat de deux diplomates, un israélien et un américain, en pleine guerre du Liban, Georges Ibrahim Abdallah est condamné le 28 février 1987 à la perpétuité.
Il est enfermé dans une prison à Lannemezan, dans le département des Hautes Pyrénées. Georges Ibrahim Abdallah entame sa trentième année de détention. Yves Bonnet, patron de la DST au moment de l’arrestation du prisonnier libanais, réclamera plusieurs fois sa libération, dénonçant « une vengeance d’Etat ».



Entretien avec Marie-Claire F., une des coordinatrices du comité pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (CLGIA).

LCDL : Depuis 5 ans, vous rendez régulièrement visite à Georges Ibrahim Abdallah qui entame sa 30ème année de détention, comment se sent-il ?
Marie-Claire F. : Georges est quelqu’un de solide. Dans sa tête et physiquement. C’est un vrai résistant Il reste et restera debout jusqu’au bout.

On a l’impression que vous avez du mal à mobiliser autour de son cas ….
C’est vrai. Nous existons depuis 10 ans et la mayonnaise a du mal à prendre. Il y a tout de même un point positif qui nous donne espoir, avec la création ces dernières années de plusieurs collectifs, à travers toute la France, comme à Bordeaux, Marseille, Toulon, Bayonne, Limoges, Nantes, Lille, Toulouse ou Rennes, et aussi à l’étranger, en Allemagne, en Belgique, en Argentine, au Canada, en Tunisie et bien entendu, dans son pays, au Liban. Une chose est sûre : nous ne lâcherons rien.

Comment expliquez-vous ce manque d’intérêt ?

D’abord, par le fait que la cause de Georges Ibrahim Abdallah dénonce le colonialisme, l’impérialisme et le sionisme et que nos partis de gauche ont abandonné le combat au profit d’un humanisme béat. Ensuite, c’est le « pacifisme » qui règne désormais.
Tout ce qui s’approche de près ou de loin des révolutionnaires, voire de la lutte armée, effraie les gens parce que beaucoup, que ce soit dans le milieu médiatique ou politique, présentent tout ceci comme quelque chose de dangereux, d’incompatible avec la République. Mais, on a oublié l’histoire : c’est grâce aux révolutions que le monde s’est transformé et qu’on a obtenu des acquis progressistes.


Jeudi 16 janvier à 19h au Cin’Hoche : Soirée-hommage, à l’initiative du Groupe des associations de Bagnolet (GAB)

Libérable depuis 1999, huit demandes de conditionnelle déposées par ses avocats, rien n’y fait, la justice française ne veut pas faire le sortir. Pourquoi selon vous ?
Par deux fois, les tribunaux se sont prononcés en faveur d’une libération conditionnelle de Georges. En 2003, il a fallu l’intervention de Perben, le Garde des Sceaux de l’époque, pour qu’il ne soit pas libéré. En 2012, c’est Valls, ministre de l’Intérieur qui a refusé de signer l’arrêt d’expulsion qui aurait permis à Georges de rentrer chez lui au Liban.
Les deux fois, sous des pressions américaines. La justice nous dit qu’il faudrait qu’il fasse preuve de repentance. La repentance est un précepte religieux. Il est écrit nulle part dans les textes de loi de la République qu’il faut se repentir pour pouvoir sortir de prison.
On nous bassine à longueur de journée avec la laïcité et la justice fait des références religieuses ! La République française veut soumettre les militants incarcérés. Ce qui est assez paradoxal pour un pays qui s’est construit à travers deux révolutions, celle de 1789 et La Commune.
Georges ne demandera plus de libération conditionnelle, il a compris depuis longtemps que le dossier est essentiellement politique et non judiciaire, sinon il serait dehors depuis très longtemps.
Propos recueillis par Nadir Dendoune
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