État Espagnol - février de 2017
Le 11 et 12 février aura lieu la
II Assemblée Citoyenne Étatique de Podemos à Vista Alegre*
Le congrès de Podemos:
Un rideau de fumée qui cache la réalité
des exploités |
Les écuyers du Podemos : les renégats du trotskisme dans le fourgon de queue de la "nouvelle gauche"
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La classe ouvrière et les exploités qui ont vu leur lutte héroïque de 2011-2014 de leur "République des Indignés" expropriée par Podemos ne participeront pas de ce Congrès. Dès que les masses ont été retirées de la scène et les travailleurs ont été mis sous le joug de la bureaucratie syndicale des CCOO et de l'UGT, les trois secteurs de Podemos se réunissent discuter comment mieux continuer de tromper les masses, en soutenant la Monarchie et le régime de 1978.
À ce congrès de Vistalegre II, Podemos arrive avec sa formation divisée en trois secteurs, deux très majoritaires, celui de Pablo Iglesias et celui d'Íñigo Errejón, qui ont environ 45 % des délégués chacun, et celui d'Anticapitalistas, avec Miguel Urban à la tête, avec le 10 %. Dans ce Congrès on votera trois documents et trois propositions de direction.
Les différences idéologiques entre ces trois secteurs pourraient se résumer de cette manière : ils vont de la social-démocratie la plus sociale libérale d'Errejón, en passant par le réformisme pos-eurocommuniste et gramscien de Pablo Iglesias devenu un social-démocrate, jusqu'à l’"anticapitalisme" renégat du trotskisme d'Anticapitalistas (parti frère du NPA français), dilué de plus en plus dans la nouvelle politique social-démocrate.
Anticapitalistas et Pablo Iglesias disent s'incliner par la mobilisation, même s'ils la proposent comme un appendice secondaire du travail parlementaire de figurant nécessaire du régime monarchique, alors qu'Errejón parie presqu'en exclusivité pour le travail dans les institutions même sans allusion à la rue. Quant à lui Anticapitalistas se concentre sur son pari pour la décentralisation de Podemos dans son versant organisationnel, se refusant à faire une critique politique.
Par rapport au PSOE (parti socialiste espagnol), Iglesias et Errejón s'orientent à chercher des pactes avec lui, alors qu’Anticapitalistas propose d'éviter en principe ces accords. Bien qu’on parle de nuances, les secteurs d'Iglesias et d'Errejón sont passés, tous les deux, de combattre supposément le "bipartisme" de PP et de PSOE, comme deux pattes du système, à soutenir comme seule proposition un "Gouvernement de progrès" de Podemos avec le PSOE au niveau local, régional et national.
Par rapport à l’IU (la Gauche Unie), Errejón veut conserver Podemos comme organisation autonome et indépendante et il veut bloquer une possible union organique avec IU. Sur cela, dans l'étape pré-congrès Errejón a réussi à obtenir du secteur de Pablo Iglesias que toute future fusion avec une autre organisation devra être validée par deux tiers des militants. Anticapitalistas, lui, est favorable à un bloc social et politique "contre-hégémonique" avec le reste de la gauche réformiste, du type de celui défini par IU et Alberto Garzón.
Bref, leurs différences ne sont que des nuances des fractions d'un Podemos qu'est un soutien nécessaire du régime, dont la fonction est celle de couvrir et d’appuyer par la gauche le régime monarchique de 1978 avec l'objectif d'empêcher que les travailleurs fassent irruption par le chemin de la révolution socialiste. Voilà la réalité, ce n’est pas ce que veut figurer Podemos et les renégats du trotskisme qui vont derrière lui.
Ils sont tous d'accord sur un point fondamental : démocratiser le système capitaliste. Mais celle-ci est une vieille discussion déjà dépassée dans le marxisme scientifique. Dans la rupture avec la social-démocratie au début du XXe siècle, les révolutionnaires affirmaient que même la plus "démocratique" des républiques, si elle restait dans les mains de la bourgeoisie, était la pire dictature du capital contre les exploités.
Ainsi, Lénine disait contre le renégat Kautsky : "Peut-on admettre que le savant Kautsky n'a jamais entendu dire que plus la démocratie est développée, plus les parlements bourgeois sont soumis à la Bourse et aux banquiers ? Cela ne veut pas dire qu'on ne doit pas utiliser le parlementarisme bourgeois (et les bolcheviques l'ont utilisé peut-être avec un plus grand succès qu'aucun autre parti dans le monde, parce qu'en 1912 et en 1914 nous avions conquis toute la curie ouvrière de la quatrième Douma). Mais cela veut dire que seulement un libéral peut oublier, comme le fait Kautsky, le caractère historiquement limité et conditionnel qu’a le parlementarisme bourgeois. Dans l’état bourgeois le plus démocratique, les masses opprimées trébuchent à chaque pas sur une contradiction flagrante entre l'égalité formelle, proclamée par la 'démocratie' des capitalistes, et les mille limitations et ruses réelles qui rendent les prolétaires des esclaves salariés. Cette contradiction est celle qui ouvre les yeux des masses devant la pourriture, la fausseté et l'hypocrisie du capitalisme. Cette contradiction est celle que les agitateurs et les propagandistes du socialisme dénoncent toujours devant les masses pour les préparer pour la révolution! (…) Kautsky tourne le dos à cela et se consacre à vanter les charmes de la démocratie bourgeoise." (La révolution prolétaire et le renégat Kautsky, Lénine, 1918).
Comme nous voyons, le marxisme a déjà répondu à la question que la démocratie n'existe pas en général, mais qu’elle a un caractère de classe. Ce que ces social-démocrates de la "nouvelle gauche" font, c’est d'envelopper avec un papier douceâtre la bourgeoisie, de "démocratiser" Maastricht et ses gouvernements impérialistes de l'OTAN pour soigner ainsi les poches des capitalistes. Un vrai mensonge qui cache leur servilité la plus effrontée envers l'état bourgeois et la monarchie des Bourbons.
Un cirque de la démocratie bourgeoise qui cache la situation réelle des exploités de l'État Espagnol
La discussion préalable à l'intérieur de Podemos, vers son congrès, avait déjà presqu'un mois, entre des interviews, des attaques des différentes ailes par Twitter ou des articles dans les journaux. Pendant qu’ils discutent et discutent dans le cirque de la démocratie bourgeoise, la classe ouvrière et les exploités de l'État Espagnol vivent une situation totalement différente. Le chômage arrive presque à 19 %, des millions de travailleurs sont sous-traités, ils travaillent mille heures avec un salaire minimum et avec des contrats précaires, etc. Des centaines de familles travailleuses se sont vues déloger de leurs foyers dû à l'escroquerie des banques avec les hypothèques. Des milliers d'immigrés marocains sont exploités dans les pires travaux et poursuivis constamment par la police.
Des centaines de lutteurs sont inculpées grâce à la Loi Bâillon laquelle, pour ne donner qu’un exemple, ne permet pas de réaliser un rassemblement ou une manifestation sans demander la permission aux autorités, et si on ne le fait pas, on ne peut pas surpasser les 19 personnes, autrement on fait payer une amende ou on inculpe les manifestants.
La réalité ne sera pas présente dans l'assemblée de Podemos : plus de 400 lutteurs basques se trouvent emprisonnés éparpillés dans tout l'État Espagnol. Les nationalités opprimées de l'État Espagnol, comme le Pays basque, la Catalogne ou la Galice, se voient refuser le droit à l'autodétermination.
Alfon a été soumis à un montage policier et à un jugement où il a été condamné à quatre ans de prison pour le fait d’avoir défendu le droit à la grève des travailleurs et cela fait 20 mois qu’il se trouve emprisonné. Nahuel, un jeune qui luttait contre les licenciements et contre le mauvais traitement des animaux, est en prison depuis déjà plus d'un an, sans jugement ; et la liste continue. Le mur de fil de fer qui nous sépare des colonies Ceuta et Melilla pour que les immigrants ne puissent pas entrer n’a rien à envier au mur des États-Unis avec le Mexique ou à celui de l'état d'Israël.
Voilà le vrai État Espagnol de la monarchie des Bourbons : des bénéfices millionnaires pour les patrons et le chômage, la précarisation, la persécution et la prison pour les lutteurs.
Tandis que les pires attaques contre la classe ouvrière ont passé et continuent de passer, Podemos veut faire croire aux masses que la solution à leurs problèmes se trouve dans le parlement bourgeois.
Il faut parler clairement : les exploiteurs, ceux d’en haut, vont reculer seulement devant une grande lutte de tous les exploités dans les rues, avec des grèves, des blocages, la mobilisation révolutionnaire, mettant en place les organismes d'auto-organisation, et avec la classe ouvrière se préparant pour prendre le pouvoir. Parce que les capitalistes reculent ou font des concessions quand voient leur propriété et leur domination menacées.
Voilà la vraie discussion ici : soit on marche suivant les pas de Kautsky et sa "démocratie parfaite" qui soigne les profits des capitalistes, soit comme l'a dit Trotsky : « En expliquant chaque jour aux masses que le capitalisme bourgeois pourrissant ne laisse pas de place non seulement pour l'amélioration de leur situation, mais même pour le maintien du niveau de misère habituel, en posant ouvertement devant les masses la tâche de la révolution socialiste comme la tâche immédiate de nos jours, en mobilisant les ouvriers pour la prise du pouvoir, en défendant les organisations ouvrières au moyen de la milice-les communistes (ou les socialistes) ne perdent pas, en même temps, une seule occasion pour arracher, chemin faisant, à l'ennemi telle ou telle concession partielle, ou, au moins, pour l'empêcher d'abaisser encore plus le niveau de vie des ouvriers. » ("Encore une fois : où va la France ?", León Trotsky, mars 1935).
* https://vistalegre2.podemos.info/ |