Liban - Le 18 de décembre 2021
Sous le commandement direct du FMI et avec les masses sorties pour l'instant de la scène, le nouveau gouvernement lance une...
Brutale attaque de dévaluation et de cherté de la vie
Un nouveau gouvernement est arrivé au Liban il y a quelques mois. À sa tête, en tant que Premier ministre, se trouve Najib Mikati, milliardaire magnat des communications, appartenant à la bourgeoisie sunnite. Avec lui, on a nommé un cabinet où les ministères sont répartis entre les différentes fractions bourgeoises du Liban. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un gouvernement d’unité nationale, comme prévu dans la Constitution qui dispose même que le Premier Ministre doit être sunnite, que le président doit être chrétien et que le président du parlement doit être chiite.
Ce gouvernement a pu être nommé après deux ans de crise politique provoquée par le soulèvement révolutionnaire de 2019 et son mot d’ordre "tous signifie tous", tenant chaque fraction bourgeoise et ses politiciens responsables de l’énorme crise économique que le Liban traversait et traverse encore.
Ce nouveau gouvernement a, bien entendu, commencé à lancer des attaques et des plans d’ajustement sur les masses. À la fin de novembre, il a supprimé les subventions au carburant, ce qui a entraîné une augmentation immédiate des denrées alimentaires de base et des médicaments.
Ce n’est pas la première augmentation de l’année. Depuis 2019 les prix ne font qu’augmenter, en raison d’une dévaluation galopante et des prix dollarisés. En octobre de cette année-là, le prix du dollar était fixé à 1500 livres libanaises, alors qu’en un an et demi, au moment de la prise de fonctions du nouveau gouvernement, la dévaluation avait porté le dollar à 15 000 livres. Mais ce n’était pas tout, aujourd’hui le dollar a atteint 29 000 livres. Les masses sont les seules qui paient pour la dévaluation : elles touchent leurs salaires en livres pour faire face aux prix qui s’ajustent à la valeur du dollar. Rien que cette année, l’inflation a atteint 173 %. C’est pourquoi, au Liban, un tiers de la population ne peut manger qu’une fois par jour et le 80 % perçoit des salaires inférieurs au seuil de pauvreté.
Le nouveau gouvernement a apporté sous le bras plan d’ajustement, dévaluation et cherté de la vie, ce qui a mis les masses libanaises dans une situation insupportable. Voici les plans d’attaque et d’ajustement du FMI. Le Liban est le troisième pays le plus endetté de la planète, d'un 170% du PIB selon les estimations de cette année. Le FMI a donné l’ordre de réduire les subventions, d’appliquer la hausse des tarifs, d’augmenter les impôts, de dévaluer et de lancer toute la crise aux masses. Et ce n'est pas tout, il a aussi imposé comme condition à la renégociation de la dette la réduction des dépenses et du budget de l’État, diminuant ainsi les revenus et les affaires de la bourgeoisie chiite et du Hezbollah, qui contrôlent les plans sociaux, les travaux publics, la gestion des infrastructures et ce genre d’entreprises liées à l’État.
Le nouveau gouvernement libanais, agent direct du FMI
Les bourgeoisies sunnite et chrétienne ont pris le relais dans ce nouveau gouvernement comme agents directs de l’impérialisme et sont décidées à sauver le régime qui a été gravement blessé suite aux soulèvements de 2019. Elles cherchent à rétablir la "Suisse du Moyen-Orient" comme ils l’ont fait à la fin de la guerre civile en 1989-1991. Mais pour cela, quelqu’un doit payer la crise et pas seulement les masses, mais aussi une partie de la bourgeoisie nationale libanaise, c’est-à-dire le secteur chiite, qui sera laissé comme un secteur minoritaire dans les affaires. Le gouvernement d’unité de la bourgeoisie sunnite, chrétienne et chiite se maintient, mais avec cette dernière subordonnée aux deux premières. Si ce destin obscur attend le Hezbollah, mille fois plus sombre et catastrophique est celui qu’on prépare pour les travailleurs et le peuple.
C’est ce que l’impérialisme et ses agents au Liban cherchent à imposer. On commence à en donner les premiers pas, mais il n’est pas écrit qu’on puisse le faire. Il reste encore des batailles à livrer.
Le dernier mot n’a pas encore été dit
La classe ouvrière libanaise a livré bataille. Le soulèvement révolutionnaire de 2019 a été énorme, a même renversé des gouvernements et a provoqué une crise politique au Liban qui n’a pu se refermer qu’il y a quelques mois, face au reflux de la lutte. Mais comme elle n'a pas pris le pouvoir, elle n’a pas atteint le triomphe. Le régime des banques, des transnationales, des bourgeoisies chiite, sunnite et chrétienne a tenu. La défaite de la Syrie pesait et les directions qui ont agi dans le soulèvement révolutionnaire libanais ont tout fait pour laisser ces énergies révolutionnaires dans des manifestations pacifiques qui se sont avérées impuissantes en ne renversant pas le régime et en ne battant pas l’armée qui était sortie aux rues. Ces directions et celles de la classe ouvrière mondiale, qui ont encerclé et trahi les révolutions au Maghreb et au Moyen-Orient, sont responsables de ce que nous arrivons aujourd’hui à cette situation désespérée au Liban, où l’impérialisme et la bourgeoisie ont repris l’haleine et reviennent aujourd’hui avec une attaque redoublée contre les masses, pour les plonger déjà dans la barbarie.
La bourgeoisie veut que les masses paient la crise quand c’est elle qui a conduit le Liban à la catastrophe. Son modèle a généré une dette énorme, et pour la rembourser elle a fait fuir les réserves et les dollars. La livre libanaise s’est retrouvée sans support et s’est dévaluée aux niveaux monstrueux dont nous avons parlé plus haut. Le gouvernement a tenté en 2019 d’obtenir des fonds moyennant des impôt au peuple et alors le soulèvement révolutionnaire s’est déclenché et lui a mis une limite.
En revanche, aujourd’hui, face à l'ensemble de mesures du gouvernement actuel, la réponse de masse n’est pas encore arrivée. Il faut revenir au chemin de 2019, cette fois pour le mener au triomphe !
Pour éviter la catastrophe, la classe ouvrière libanaise doit à nouveau se lever et combattre aux côtés de ses frères de la résistance palestinienne, la résistance syrienne contre Al-Assad, les ouvriers iraniens qui affrontent les ayatollahs, et les masses soudanaises qui font face au coup d’État.
Que le gouvernement et le régime libanais tombent! Il faut désarmer le Hezbollah et la caste des officiers fantoches des puissances impérialistes!
Pour l’expropriation sans paiement et sous contrôle ouvrier de toutes les banques du Liban, pour restituer les fonds des travailleurs et du peuple et établir une banque d’État unique!
Expropriation des biens des politiciens bourgeois millionnaires ! Nationalisation du commerce extérieur !
Pour des comités d’approvisionnement pour contrôler toute la chaîne de commercialisation des aliments et des produits de base !
Pour des comités ouvriers et populaires qui votent avec la démocratie directe et qui puissent prendre la résolution de la crise entre leurs mains ! Comités d’autodéfense !
Seul un gouvernement ouvrier et paysan basé sur ces organismes pourra garantir la mise en place de ces mesures.
Comité de rédaction du journal La vérité des Opprimés |