Édition Spéciale de l’Organisateur Ouvrier International
Le 21 décembre 2019
PRÉSENTATION
De nouveaux foyers révolutionnaires se développent au niveau international avec de violents chocs de classes. Autour de ces événements difficiles, depuis le Collectif pour la refondation de la IV internationale/FLTI, nous avons lancé en novembre un appel à tous les courants qui se revendiquent du marxisme révolutionnaire pour intervenir en commun, conquérant une politique d’action révolutionnaire, dans les soulèvements de masse où les exploités livrent une bataille féroce contre l’offensive impérialiste.
Nous avons lancé cet appel aux moments où les masses ouvrières et paysannes continuent de se rebeller sur le continent américain. Nous l’avons fait après la lutte révolutionnaire des masses équatoriennes contre la hausse du prix du carburant et contre la flexibilisation du travail. Celles-ci prenaient la ville de Quito et elles prenaient aussi plus de 200 officiers de l’armée et policiers en otage, forçant le gouvernement de Lénine Moreno à fuir à Guayaquil, puis à reculer dans son attaque contre les exploités.
Cet appel surgissait également au moment où une énorme ascension révolutionnaire commençait au Chili, aux côtés de la Colombie, et quand se déroulait le coup contre-révolutionnaire en Bolivie, où s’ouvrait une tendance à l’irruption révolutionnaire de masse contre le Putsch fasciste. Pendant ce temps, Hong Kong brûlait dans le Pacifique, à l’avant-garde de la résistance acharnée des masses chinoises contre le gouvernement des hommes d’affaires rouges du PCCh, et une nouvelle vague révolutionnaire incendiant le Moyen-Orient, avec la révolution irakienne en épicentre.
En France, les Gilets Jaune n’abandonnaient pas les rues et continuaient à lutter contre la hausse du prix du carburant, tandis qu’une vague de grèves commençait paralysant le pays, cette fois contre l’attaque aux retraites. Cela montre qu’à Paris une tranchée de lutte de toute la classe ouvrière européenne est toujours vivante.
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À notre avis, il est urgent de regrouper les forces révolutionnaires internationalistes de la classe ouvrière mondiale afin d’aider les masses à dépasser les limites que leur direction actuelle impose à leurs combats.
Les forces du stalinisme et des renégats du trotskisme se regroupent, comme dans la réunion convoquée par le castrisme à La Havane en mai, et se coordonnent en partis uniques comme Podemos d’Espagne, le Parti travailliste d’Angleterre ou hier Syriza de Grèce, ou pour soutenir l’aile « sociale-démocrate » du Parti Démocrate des pirates yankees.
L’objectif de ces courants n’est autre que d’imposer une politique de collaboration des classes et de “révolution par étapes”, avec laquelle ils cherchent à étrangler dès le départ les situations révolutionnaires ou prérévolutionnaires qui s’ouvrent sur la planète. La soi-disant « Nouvelle-Gauche » reprend les pires traditions du stalinisme et de la social-démocratie du XXe siècle.
Le pacte des “anticapitalistes” avec le Podemos dans l’État espagnol s’est terminé avec eux tous soutenant la monarchie des Bourbons qui a occupé la Catalogne révoltée. La classe ouvrière du Portugal, de l’Italie et de la Grèce a subi de dures défaites, tandis que la soumission des « socialistes radicaux » au Parti travailliste a aidé à amener la classe ouvrière anglaise à l’impasse de rester dans le Maastricht impérialiste ou de suivre Johnson et sa politique de Brexit, qui promet aux travailleurs de reprendre les conquêtes qu’ils avaient autrefois, en alliance avec les USA.
Pendant ce temps, la politique de ces courants est de faire passer les pires ennemis de la classe ouvrière et des peuples opprimés comme leurs alliés. C’est ce qu’ils ont fait avec Poutine (soutenant son massacre à la révolution syrienne aux côtés d’Al Assad), avec le castrisme qui a livré Cuba aux Yankees ou avec la nouvelle bourgeoisie esclavagiste du PC chinois.
Les conditions pour un saut dans la coordination et la centralisation des courants révolutionnaires internationalistes trouvent un terrain fertile. C’est que les nouveaux événements historiques montrent comment, par des actions indépendantes de masse dans les explosions révolutionnaires, les exploités brisent ou dépassent les énormes digues de retenue imposées par les directions traitresses pour sauver le système capitaliste en crise. Ce sont les partis, les courants et les bureaucraties syndicales des aristocraties ouvrières au niveau international.
Les conditions objectives de la révolution ne sont pas seulement mûres, elles sont en train de pourrir. Face aux grands combats des exploités, la crise de direction s’aggrave. La spontanéité et les actions indépendantes des masses ont une limite et se heurtent aux trahisons des directions à chaque pas.
Quand elle voit ces énormes combats, les courants de la Nouvelle-Gauche affirment que ce ne sont pas des révolutions qui ont commencé. Ils disent que nous sommes face à de simples “révoltes” ou timides “mutineries” avec une classe ouvrière “fragmentée” e “impuissante”. Ce mensonge et cette tromperie s’écroulent d’eux-mêmes. Comment peut-il y avoir des actions de masse menaçant de faire tomber la citadelle du pouvoir, sans l’intervention de la classe ouvrière qui est la classe majoritaire de la société aux côtés des classes moyennes ruinées ?
Ce que ces courants disent en réalité, c’est qu’ils s’occupent et s’occuperont de barrer la route aux exploités vers la victoire des révolutions qui ont commencé. Ils se vantent d’empêcher ici et là l’armement des masses et l’émergence d’organismes de double pouvoir, dans lesquels la classe ouvrière peut prendre la tête de son alliance avec les paysans pauvres et les classes moyennes ruinées. Sans ces organismes de double pouvoir armés, toute révolution qui commence ne pourra pas se développer ni triompher d’une insurrection victorieuse qui finira par vaincre les régimes et détruire les états des oppresseurs.
La bourgeoisie sait très bien que si des organismes de démocratie directe de masse émergent, ces organismes où les masses ne délèguent pas, mais prennent en main la direction du combat et de la résolution de la crise, celles-ci feraient rapidement l’expérience avec les directions traitresses qu’elles ont à leur tête. C’est pourquoi les exploiteurs envoient leurs agents construir de nouvelles digues pour contenir les révolutions qui ont commencé.
Mais ces courants ne peuvent pas se vanter de réussir à contenir les énormes énergies révolutionnaires des masses, qui entrent dans le combat sans cesse malgré et contre eux, en attaquant la citadelle du pouvoir bourgeois, quand personne ne l’attend. La lave jaillit du volcan et dans des pays entiers éclatent de fortes irruptions de masse. Les souffrances inouïes poussent les masses au combat et créent les conditions permettant au mouvement révolutionnaire de faire d’énormes pas en avant et de collaborer pour libérer les masses des directions qui les empêchent d’avancer. Toute passivité du mouvement révolutionnaire dans ces conditions signifie creuser sa propre fosse. Ne pas virer et chercher un chemin aux masses, c’est laisser la voie libre au réformisme pour qu’il les trahisse.
C’est que, comme Trotsky le soulignait, toute situation prérévolutionnaire ou révolutionnaire peut devenir non révolutionnaire ou directement contre-révolutionnaire à cause de la nature de la direction des masses. Nous l’avons vu par exemple en Grèce, en Ukraine et lors de la première vague révolutionnaire de 2011-2012 au Moyen-Orient, qui a fini dans un bain de sang en Égypte, en Syrie, en Palestine, au Yémen et nous le voyons aujourd’hui dans l’énorme trahison aux masses ouvrières et paysannes de la Bolivie, comme nous le verrons plus tard. Conscients de ces conditions, nous appelons audacieusement à regrouper les forces qui se revendiquent internationalistes et luttent ouvertement contre le réformisme dans chaque combat décisif de la classe ouvrière mondiale.
Dans cette édition spéciale de “L’Organisateur Ouvrier International” nous reproduisons cet appel que nous avons lancé le 22 novembre.
Notre rencontre avec les marxistes révolutionnaires du Japon :
Un pas en avant dans le combat pour le regroupement des forces internationalistes de la classe ouvrière mondiale pour combattre contre le réformisme
Nous avions notamment envoyé cet appel aux collègues de la JRCL-RMF du Japon. Comme le montre ce journal, ils ont répondu en nous invitant à un débat fraternel sur les tâches des révolutionnaires à l’heure actuelle et à participer à leur réunion politique nationale à Tokyo.
Depuis la FLTI, nous avons été le seul courant international à participer à cette rencontre importante de la vie des Marxistes du Japon. Nous y avons été entourés par la solidarité et l’enthousiasme de plus de 1500 ouvriers et jeunes révolutionnaires qui ont mis sur pied, dans une puissance impérialiste comme le Japon, une tranchée de lutte de leurs frères de classe du monde semi-colonial, de la Chine et de Hong Kong en particulier.
Les entretiens que nous avons eus avec le JRCL-RMF à Tokyo pendant cet événement ont également donné lieu à des journées intensives de débat politique fraternel et aussi de recherche d’une voie pour une intervention révolutionnaire commune.
Les premières conclusions de ces débats ont été le soutien ouvert de la jeunesse révolutionnaire japonaise à ses frères de combat au Chili. Il est clair que les Zengakuren seront présents à la première ligne de lutte à Santiago. Ils nous ont donné leur drapeau pour faire part des durs combats des jeunes et des travailleurs dans ce pays.
Rapidement depuis le Japon, au milieu de très riches débats à propos des explosions révolutionnaires en cours, nous avons organisé en commun la solidarité et la lutte pour briser l’isolement des familles des personnes tuées et détenues à Senkata, Bolivie, et nous avons travaillé ensemble pour mettre en mouvement toutes les forces qui entourent le « Réseau international pour la Libération des Prisonniers Politiques du Monde ».
Depuis la FLTI, aux côtés des marxistes du Pacifique, nous avons mené en avant la campagne internationale commune lancée par les camarades du JRCL-RMF pour freiner un nouveau Tiananmen comme celui de 1989 que les mandarins contre-révolutionnaires du PCCh préparent contre les masses rebelles de Hong Kong.
De même, la lutte pour une théorie et une stratégie marxistes pour la victoire de la révolution socialiste a été au centre des journées de débat et de discussion fraternelle que nous avons eues avec les collègues du JRCL-RMF.
Notre appel avait alors un objectif : retrouver l’internationalisme militant dans les rangs de la classe ouvrière mondiale. Ici et là les masses imposent des jalons de socialisme dans les foyers révolutionnaires, tournant à gauche et marquant un angle de 180º avec les vieilles directions traîtresses et avec le nouveau réformisme du XXIème siècle, aussi cynique et anti-marxiste que celui du XXème siècle.
Nouvelles flambées révolutionnaires de la classe ouvrière mondiale
Nouvelles et cruelles trahisons au combat des exploités
Comme nous l’avons vu, en France, il y a toujours un front de lutte de la classe ouvrière européenne. Dans cette édition, nous publions une déclaration consacrée au combat des travailleurs français. Le prolétariat français démontre avoir d’énormes énergies de lutte en affrontant maintenant l’attaque aux retraites du gouvernement de Macron et du régime de la Ve République impérialiste, après les énormes combats des gilets jaunes et les luttes que la classe ouvrière a livrées pour défendre la semaine de travail de 35 heures et contre la flexibilisation du travail, luttes qui ont été trahies par la bureaucratie des syndicats. En grande partie, le sort de la classe ouvrière européenne se joue aujourd’hui dans les rues de Paris. Ce combat ne peut rester isolé.
Avec le bond en avant de la révolution irakienne, la nouvelle vague révolutionnaire des masses du Maghreb et du Moyen-Orient se consolide dans toute la région.
Récemment, les ouvriers du sud de l’Irak se sont emparés des puits de pétrole des entreprises impérialistes qui pillent le Maghreb et le Moyen-Orient. En même temps, les masses exploitées et paupérisées tentent d’entrer dans les palais du pouvoir à Bagdad et elles ont déjà pris des bureaux gouvernementaux dans le sud du pays.
Cette édition s’accompagne alors d’une déclaration sur cette nouvelle marche que la révolution iraquienne qui a commencé vient de monter.
En 2011-2012, les courants de la gauche réformiste, sous le commandement des Castro, les imposteurs de la « révolution bolivarienne » et les fronts pro-impérialistes européens, affirmaient qu’au Moyen-Orient était en cours un “printemps des peuples”. Le seul « paradis » qu’ils proposaient aux exploités de la région était de se battre pour « plus de démocratie », pour conquérir le pouvoir à un stade ultérieur.
Ils ont transformé les révolutions ouvrières et paysannes, qui avaient commencé pour le pain et l’indépendance nationale affrontant les gouvernements et les dictatures militaires imposées par l’impérialisme, en luttes de pression pour des Assemblées Constituantes et des “solutions démocratiques”. Ils ont ainsi donné à la bourgeoisie et à l’impérialisme une voie d’évasion et de tromperie face au renversement de leurs gouvernements et de leurs régimes contre-révolutionnaires par les masses. Tout cela a fini par détourner les processus révolutionnaires, qui ont ensuite été écrasés par de durs coups contre-révolutionnaires comme il est arrivé en Égypte, en Syrie, au Yémen…
Aujourd’hui, alors que les flammes de la première vague révolutionnaire n’ont pas encore disparu, une nouvelle offensive de combats révolutionnaires revient incendier le Maghreb et le Moyen-Orient, de l’Algérie à la Tunisie, du Soudan à l’Irak, de l’Iran au Liban. Nous présentons donc dans cette édition spéciale un article sur la résistance acharnée des masses syriennes à Idleb, dernière tranchée d’une révolution qui ne peut être définitivement écrasée, après presque 9 ans d’héroïsme des exploités et de massacre fasciste.
Dans les conditions actuelles, une période de contre-réformisme s’est ouverte. La classe ouvrière du Moyen-Orient revient sur la scène dans d’énormes combats de masse et donne une leçon : les vrais “vandales” et “arriérés” sont les courants qui usurpent le marxisme pour soutenir le capitalisme en putréfaction.
Pendant notre récent voyage au Japon, nous avons porté le drapeau de la révolution syrienne, que la JRCL-RMF prend depuis des années aux côtés de la FLTI, combattant dans les tranchées de la révolution syrienne.
C’est pourquoi notre intervention dans le meeting massif des ouvriers et des jeunes de l’avant-garde du Japon a commencé par rendre hommage à Abu Al Baraa, a Mustafa Abu Juma et les plus de 15 combattants trotskistes de la brigade Léon Sédov qui sont tombés dans la révolution syrienne, dans la première ligne de combat contre l’impérialisme et le fasciste Al Assad. Cet hommage a été ovationné debout par tous les participants de la réunion à Tokyo.
Comme hier en Syrie, l’impérialisme a concentré ses forces en Bolivie pour freiner la vague révolutionnaire qui secoue l’Amérique Latine
Dans cette édition spéciale de “L’Organisateur Ouvrier International” nous présentons également la catastrophe que représente le triomphe du coup contre-révolutionnaire en Bolivie, marqué par la fuite lâche de Morales et de la bourgeoisie native face à une prononciation militaire et un putsch fasciste. Nous publions la déclaration des camarades de la LSTI de la Bolivie dénonçant le pacte de « la loi de pacification » qui a rapidement regroupé, sous l’égide de l’OEA, la bureaucratie de la COB, la direction des centrales paysannes et les députés du MAS qui ont voté cette loi, légitimant ainsi le coup d’État militaire et le gouvernement fasciste d’Añez. Toutes ces personnes présentes à la table de la « pacification » savent que si l’irruption des masses visant à écraser le fascisme et le putsch dans les rues de toute la Bolivie s’était développée jusqu’au bout, on aurait été face au début d’une nouvelle révolution bolivienne.
Le rôle sinistre de la direction de la COB, qui a conclu un accord avec les généraux banzeristes, et la politique perfide du POR, qui a cassé toute continuité avec le programme de la IVe Internationale, ont été le moteur fondamental de cette défaite dure et amère des masses boliviennes.
Le POR a été coopté par la bureaucratie de la COB et par les officiers de l’armée bolivienne, dont il affirme qu’ils ne sont ni putschistes ni contre-révolutionnaires et qu’ils ne constituent pas une élite qui défend l’ensemble des intérêts de la bourgeoisie et de l’impérialisme. C’est ce que le POR dit dans tous ses documents stratégiques et historiques. Cette révision ouverte du marxisme, justifiée par le prétendu caractère « indigéniste » de la caste des officiers de l’armée bolivienne, est une escroquerie grossière et un coup de feu sur la tempe de la classe ouvrière.
Dans sa dernière déclaration du journal “Masas” Nº 2614, le POR justifie même ce qui est injustifiable : il couvre le coup d’État banzeriste et le putsch fasciste, en affirmant que « Le gouvernement du MAS a été renversé par l’action de larges secteurs des masses, car il était fraudeur, corrompu, et vendu aux multinationales, aux hommes d’affaires et aux propriétaires terriens de l’Orient. Mais ce triomphe a été usurpé par la vieille droite dans sa version d’ultra-droite incarnée par le fasciste Camacho. » Le POR n’est pas dans un nuage. Il a les pieds sur terre pour couvrir le coup d’État militaire.
Les masses se sont soulevées sous des formes révolutionnaires pour écraser le putsch fasciste de Camacho et l’oligarchie de Santa Cruz. Malheureusement, elles ne l’ont pas fait avant et ce n’est pas les masses qui ont renversé Morales. Si cela avait été le cas, les fascistes de Santa Cruz n’auraient pas osé arriver à La Paz avec une Bible dans la main du plus riche entrepreneur du pays, brisant des têtes d’ouvriers et de paysans, pour mettre Añez au pouvoir et discipliner avec l’OEA toutes les cliques bourgeoises de la nation. Le mouvement minier serait venu à La Paz pour chasser Morales aux coups de dynamite. Dans ce cas là, la COB et la Fédération Minière auraient pris la tête de la majorité du mouvement paysan, en battant Morales. Le POR veut vendre un écran de fumée. Cela est, en réalité, ce qui s’est passé en Équateur, où les masses ouvrières et paysannes ont vaincu Moreno, laissant l’armée en grave crise.
En Bolivie, avec le cri « Maintenant oui, guerre civile! » des centaines de milliers de paysans et d’ouvriers d’El Alto ont marché vers La Paz pour écraser les fascistes et le coup d’État. Ils ont été trahis par la direction de la COB et fondamentalement, par le MAS lui-même qui s’est avéré une fois de plus fraudeur, corrompu et vendu aux multinationales en votant le pacte de pacification nationale, après la fuite de Morales, légitimant par une loi du Parlement le gouvernement d’Añez.
La classe ouvrière bolivienne était restée inerte et divisée face au piège électoral de Mesa et Morales en octobre. Des secteurs du mouvement ouvrier tels que les mineurs de Colquiri et les travailleurs d’usines de Cochabamba étaient confrontés à la politique de Morales. La bureaucratie de la COB a divisé tout le mouvement ouvrier car elle-même faisait partie, avec ses ministres, du gouvernement de Morales. Le POR nous ment. Il dit que, contre la direction de la COB, de la Fédération Minière et de la Fédération Nationale des Travailleurs d’Usines, la classe ouvrière s’est révoltée et a renversé Morales. C’est une ruse éhontée des amis des généraux banzeristes. Plus tôt que tard, la classe ouvrière bolivienne se lèvera. Mais le POR ne le fera plus jamais.
En Bolivie, la politique perfide de la « Nouvelle Gauche » et des liquidateurs de la IVe Internationale est mise à l’épreuve dans un nouveau test acide
La Bolivie est un exemple du rôle misérable et pathétique des anciens partis trotskistes de Yalta qui ne réussissent pas à l’épreuve des combats décisifs que mènent aujourd’hui les exploités à l’échelle mondiale. En Bolivie, ils ont fini à la table de la « pacification ». D’autres, clamant pour des Assemblées Constituantes, qui ne sont qu’une sortie des états bourgeois face à des crises révolutionnaires dans les hauteurs et à la haine des masses contre les gouvernements et les régimes qu’elles affrontent avec d’énormes actions révolutionnaires. C’est ce qui s’est passé hier en Égypte et c’est ce qu’ils essaient d’imposer aujourd’hui au Chili avec une Constituante comme échappatoire pour maintenir la domination bourgeoise et préserver le gouvernement haï de Piñera face à l’offensive de masse.
Le seul droit que ces courants veulent donner aux exploités qui mènent d’énormes révolutions et soulèvements héroïques est celui de voter. Ils éloignent ainsi les masses du seul chemin pour freiner l’attaque des capitalistes et obtenir jusqu’aux plus petites revendications, qui n’est autre que celui de lutter pour la victoire de la révolution ouvrière et socialiste.
Ainsi, non moins pathétique a été la position du PTS en Bolivie qui, en plein coup d’État militaire, a appelé à une Assemblée Constituante, comme si l’on pouvait vaincre le corps d’élite des officiers banzeristes préparés à l’École des Amériques et à West Point comme des Gurkas, qui ont rempli El Alto, Senkata et Cochabamba de sang ouvrier et paysan et qui sont les assassins du Che Guevara, par le vote et non par l’armement des masses.
Alors que le coup d’État était déjà ouvert en Bolivie, le PTS a appelé à une Grève Générale…. pacifique. Ces gens ont juré ne jamais appeler à l’armement généralisé des masses et de leurs organisations de combat. Les ouvriers et les paysans rebelles appelaient à la guerre civile, et ces gens faisaient la sourde oreille à propos de comment conquérir les armes pour vaincre : en gagnant les soldats de base et en mettant sur pied la milice ouvrière et paysanne.
Il faut être clair : la solution proposée par le PTS était une grève de pression pour conquérir une Assemblée Constituante et non pas pour écraser le coup d’État militaire dans une guerre civile, les armes à la main.
Le PTS en Bolivie veut revenir en arrière, à l’an 2008, lorsque Morales a pactisé avec la Media Luna (région de l’oligarchie, NduT) une Assemblée Constituante, identique à celle que le PTS réclame aujourd’hui. Cette Assemblée Constituante a fini par garantir la terre à l’oligarchie, les minéraux et les hydrocarbures à l’impérialisme, avec un pot-de-vin, bien sûr, pour la bourgeoisie de Morales, et la préservation de l’élite contre-révolutionnaire de l’armée qui avait massacré plus de 100 ouvriers et paysans lors des soulèvements révolutionnaires de 2003-2005.
La catastrophe des ex-trotskistes en Bolivie est déjà pathétique. Même LIT-CI a dû s’autocritiquer d’avoir soutenu en décembre 2018 l’émergence d’une directive du syndicat minier de Huanuni qui, à quelques semaines d’assumer, a appelé les forces armées, les mêmes qui ont ensuite massacré El Alto, défendre la mine des ouvriers sans emploi qui s’étaient insurgés à Oruro se battant pour un travail décent. Il y a 8 ou 9 mois déjà que les militaires sont entrés dans la vie politique et sociale bolivienne en contrôlant la mine d’État de Huanuni, appelés par la bureaucratie syndicale elle-même. Et cela a été fait par une direction syndicale minière que la LIT a publiquement soutenue et abrité depuis la direction de la centrale syndicale Conlutas du Brésil.
Nous publions alors dans ce journal la déclaration contre le pacte du MAS de Morales et la bureaucratie de la COB avec le gouvernement d’Añez et les généraux banzaristes, ainsi que l’énorme lutte de solidarité du “Réseau international” qui a déployé toutes ses forces pour briser l’isolement des familles des assassinés, des disparus et dese prisonniers politiques de Senkata le 12 décembre dernier pour la Journée Internationale du Travailleur Persécuté.
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Le lecteur de ce journal pourra alors voir l’orientation et les combats de la FLTI pour la refondation de la IV Internationale, dans la lutte contre le révisionnisme et l’opportunisme, autour des tests acides de la lutte de classe où celui-ci se démasque à chaque pas, ainsi que notre politique d’action de mise en place d’un pôle de regroupement internationaliste des forces révolutionnaires de la classe ouvrière mondiale.
Nous reproduisons également dans ce journal l’intervention politique des délégués de la FLTI à l’événement réalisé par la JRCL-RMF à Tokyo, qui a réuni des délégations ouvrières et de jeunes de toutes les régions du Japon. Notre intervention a reçu un soutien chaleureux, des salutations et des acclamations lors du meeting et a suscité l’enthousiasme, tel qu’ils l’affirment, chez cet énorme flux de militants ouvriers et de la jeunesse révolutionnaire. Leur réponse a été “un appel à combattre aux côtés de la FLTI dans le monde entier contre l’impérialisme, le stalinisme et les renégats du marxisme”.
Dans un Dossier de ce journal, nous présentons une note de Carlos Munzer rendant compte du bilan politique des discussions menées avec les Marxistes du Pacifique. Dans cette note, on pourra observer non seulement les accords conclus dans notre lutte pratique internationale, que nous avons développés dans cette présentation, mais aussi les riches débats qui permettent d’ouvrir la voie au regroupement des forces révolutionnaires et internationalistes de la classe ouvrière mondiale et l’énorme pas en avant qu’ont représenté ces réunions, qui ont créé les conditions d’une action commune dans les foyers révolutionnaires du Pacifique et de l’Amérique Latine.
Dans leur dernier journal Kaihoh (Libération), les camarades de la JRCL-RMF évoquent la rencontre que nous avons tenue et notre intervention politique lors de la clôture de la réunion nationale de leur parti. Nous avons ressenti ce que le Kaihoh raconte sur « l’immense affection, le respect et la solidarité révolutionnaire dont des centaines d’ouvriers et de jeunes ont fait preuve envers la délégation », nous saluant pendant une pause du meeting au cri de « combattons ensemble! » En outre, ils revendiquent « la lutte commune que nous menons au Chili pour faire avancer la révolution». Ils se félicitent également de l’intervention de notre délégation pendant cette rencontre et « de notre combat commun contre les staliniens, les bureaucrates syndicaux et les renégats du marxisme, aujourd’hui coincés par les actions révolutionnaires de masse ». Nous réaffirmons ce que les camarades ont dit : « Les Zengakuren, la Jeunesse Anti-Guerre et la FLTI nous sommes engagés à continuer de combattre ensemble du Pacifique à l’Atlantique ». Comme disent les drapeaux des Zengakuren et de la Jeunesse Anti-Guerre : « Nous combattons aux côtés des camarades de la FLTI. Prolétaires du monde entier, unissez-vous ! »
Comité de Rédaction de « L’Organisateur Ouvrier International »