Lettre depuis Las Heras (Argentine)
Lettre de la camarade Claudia Pafundi de la Commission de Travailleurs Condamnés, Familles et Amis de Las Heras
("Congrès Ouvrier 12 octobre") à la famille Issaouï.
Chère famille Issaouï : Depuis cet endroit aux confins du monde je veux vous faire arriver mes salutations sincères et ma solidarité. Peut-être vous vous demanderez pour quoi. C'est parce que je connais la douleur que vous sentez après avoir vu Shireen dans la prison, c'est la même douleur que j'ai sentie après avoir vu mon époux dans la prison des pétrolières, des juges et des procureurs des patronales qui sont les mêmes qui vous emprisonnent là-bas; c'est la même douleur que j'ai sentie après avoir écouté le verdict qui le condamnait, en décembre de l'année dernière. Moi, aussi bien que votre mère (de Shireen) j'ai subi une décompensation à cause de la haine, l'angoisse et le malaise qui m'a provoqué cet arrêt-là. Mais comme je dis toujours, loin de m'effrayer ce verdict m'a donné plus de forces pour lutter et pour suivre en avant, non seulement pour mon époux, mais pour tous mes camarades (puisque j'ai aussi un beau-frère et deux neveux dans cette cause) et pour tous les emprisonnés du monde!!! Voilà mon engagement, je continuerai de me battre spécialement pour la liberté de Shireen parce que je serai toujours reconnaissante du geste qui m'a rempli d'émotion quand Sammer a repoussé sa ration de nourriture pour appuyer notre cause.
Je voulais aussi vous raconter qu’ici à Las Heras, le 1er Mai nous avons fait une vraie journée de lutte et une assemblée de travailleurs comme on n'avait jamais vu … Et nous avons décidé, entre d'autres choses, mettre sur pied un Réseau international d’emprisonnés, de condamnés et d'inculpés, cela a été voté à l'unanimité, c'était historique et malgré le fait que nous avons eu quelques inconvénients, c'était une énorme émotion, puisque nous accompagnaient des camarades d’endroits différents du pays, dont des parents de prisonniers politiques! Je veux vous raconter qu’il y a presque un an, même si je voyais par la télé différentes manifestations de travailleurs, je ne m'étais jamais impliquée pour ne pas avoir de "problèmes", mais après avoir vu et après avoir écouté toute les irrégularités commises dans un procès totalement monté par les pétrolières, leurs juges et leurs procureurs, je ne pouvais plus rester silencieuse, et voir comment ils continuent à nous mettre la main dans la poche, ils nous emprisonnent, nous torturent et nous tuent. Alors j'ai décidé de sortir aux rues avec mes camarades, les travailleurs, pour lutter près d’eux, côte à côte, parce que nous sommes tous la même chair!!!!!
En vous disant au revoir, je veux vous dire que pour moi c'est un honneur vous diriger ces mots et que je vous porterai toujours dans le cœur et que nous lutterons ensemble jusqu'à obtenir la liberté inconditionnelle et totale de Shireen!!!!
Je vous envoie une forte embrassade!!!!
Claudia Pafundi (épouse d’Omar Mansilla, condamné à cinq ans de prison pour lutter pour ses droits)
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