La Syrie – Le 20 février 2017
Après la chute d’Alep, avec le massacre fasciste d'Al Assad consommé, avec la résistance dans les dernières tranchées …
Depuis les conférences de Kazakhstan et de Genève…
On cherche à consolider la contrerévolution et à reconstituer l’état des exploiteurs
Après la livraison d'Alep de la part des généraux bourgeois de l'ASL et d’Al Nusra qui ont permis l’entrée des forces fascistes bacharistes à la ville pour qu'elles massacrent et détruisent, les hommes d'affaires de Bachar et de l'opposition se réunissent dans leurs conférences internationales pour discuter de quelle manière les uns terminent d’écraser la révolution et les autres terminent de livrer les dernières tranchées de la résistance syrienne.
C’est ainsi qu’ils se sont réunis à Astana, capitale de Kazakhstan. En même temps, il était annoncée à vive voie un « cessez le feu » qui a était une couverture pour écraser Wadi Barada (placé dans les faubourgs de Damas, où il y a une source d'eau qui approvisionne la capitale et les environs) et pour massacrer massivement les dernières tranchées de la révolution.
Ils ont ainsi attaqué Idlib, l'un des derniers bastions de la résistance, où résident les masses qui ont pris cette province en 2015, celles qui ont battu les forces bacharistes et iraniennes à Khantoman, celles qui ont résisté jusqu'au dernier moment à Daraya, Moadmiya, al Waer (Homs) et Alep.
Bachar et Poutine ont bombardé sans discrimination les masses d'Idlib. D'un autre côté, ceux de la fraction bourgeoise qui contrôle Idlib (Jabhat Fatah al Sham, ex-Al Nusra) se sont habillés en combatifs et avec un discours contre la conférence au Kazakhstan ils ont caché qu'ils font partie eux aussi du même plan. Aussi bien eux que les factions bourgeoises de l'ASL qui sont allées à Astana ont promû des chocs fratricides entre les soldats de base, qui a même servi à désarmer et à démoraliser quelques combattants.
Ce plan a servi pour que chaque fraction mette son appareil militaire sur les brigades indépendantes. De cette façon le front Al Nusra a désintégré sous la menace des armes les brigades qui étaient sous la protection de l'ASL, qui avaient certain degré d'indépendance et qui exprimaient plus les masses de la révolution. L'ASL a fait de même avec celles d'Al Nusra. Dans les deux cas le même ultimatum était lancé : « tu te disciplines ou tu rends ton arme et tu rentres chez toi ».
Cette manœuvre a aussi été utilisée pour que chaque fraction soit plus légitimée devant les masses dans les zones qu’elle contrôlait.
En même temps, les États-Unis ont bombardé les zones contrôlées par Al Nusra pour discipliner les masses. Cela a servi au front Al Nusra pour se déguiser en "anti-impérialiste" et avoir plus de prestige pour contrôler les masses, lesquelles il cherche à livrer comme carte de présentation pour la conférence au Kazakhstan.
Dans la conférence au Kazakhstan, est dessiné un plan pour reconstituer l'état bourgeois et les institutions de domination dans toute la Syrie que les masses révolutionnaires, avec leurs actions insurrectionnelles en 2011, ont fait éclater, en partant l'armée horizontalement et en ouvrant la révolution avec les comités de coordination.
Ce que ces factions bourgeoises cherchent en Syrie, sous le commandement de l'impérialisme, c'est à réunifier la bande d'hommes armés qui défend le capital. En définitive, ils sont là pour réunifier la caste d'officiers pour mettre sur pied une armée unique.
Pendant qu’Al Assad massacre, le rôle des généraux bourgeois de l'ASL et d'Al Nusra est de séparer les masses des armes
Les deux bouts de la même corde pour étrangler l’héroïque révolution syrienne
Pour avancer dans ce plan, l'ASL et Al Nusra ont coupé toute fourniture et approvisionnement à ceux qui n’étaient pas leurs soldats les plus loyaux. L'ASL conduit ses combattants sous le commandement turc dans son opération "Bouclier de l'Euphrate", alors que, de son côté, Al Nusra a replacé ses quartiers aux environs des villes qu'il contrôle, en séparant les miliciens des masses, sous une chaîne de commandement militaire, s’apprêtant à devenir une armée classique, pour permettre dans l'avenir la réunification de la caste assassine d'officiers et la reconstitution de l'état bourgeois syrien, c'est-à-dire, une bande d'hommes armés pour défendre les intérêts de la bourgeoisie et de l'impérialisme.
Al Nusra a transférée l'administration des villes où il se trouve, comme Idlib, à un conseil local civil qu'il contrôle. En même temps, il a installé à l'intérieur de la ville des check points qui commencent à contrôler les gens qu’y habitent. À ceux qui passent en voiture, ils exigent la documentation légale. Ceux qui passent à pied doivent montrer leur pièce d'identité. Tout cela sous le prétexte de "faire face à la délinquance, mais surtout au terrorisme". Pour conquérir ces postes de contrôle, chaque fraction a centralisé le commandement de ses hommes d'armes les plus loyaux, qui assurent en même temps la coordination entre chaque commandement et aussi avec Bachar.
C'est-à-dire, ils mettent sur place une police interne dans les zones libérées ainsi qu’Al Assad le fait dans les zones où il contrôle. Voilà leur tentative de reconstituer l'état, que les masses de 2011/2012 ont détruit en mettant sur pied des organismes de double pouvoir, les comités d'ouvriers et de soldats, qui sont arrivés à contrôler le 80 % du territoire syrien.
Suivant ces pas, toutes les factions de l'ASL qui sont allées à la conférence à Astana se sont jointes à Ahrar al Sham, une brigade de nuance islamiste qui oscillait entre Al Nusra et l'ASL.
D'un autre côté, la bourgeoisie nationale sunnite habillée en radicale, avec Al Nusra à la tête, s’est jointe elle aussi au front aujourd'hui appelé Tahrir al Sham. Ils cherchent tous, par une voie ou l’autre, à s’asseoir à la même table de négociation avec les généraux d'Al Assad, sous le commandement de l'impérialisme yankee, de la Turquie et de la Russie.
Mais ce n'est pas quelque chose qui peut se faire du jour au lendemain. Parce que, comme nous avons déjà dit, nous sommes face à une révolution grandiose qui a éclaté en 2011 dans tout le Maghreb et le Moyen-Orient, qui a démoli toutes les institutions fondamentales de domination de l'impérialisme dans toute la région. Comme partie de cette révolution, en Syrie on a divisé l'armée et on a disloqué le pouvoir de l'état bourgeois. C'était une chaîne d'insurrections des opprimés, ville à ville, qui est arrivée aux portes du palais du gouvernement à Damas. Cela explique l’acharnement du régime pour détruire et mettre en maquereaux les villes syriennes comme Homs, Daraya, Qsair, Hama et Alep. Et même malgré cela, ils n'ont pas encore pu reconstituer l'état syrien.
Parce que il n’a pas encore été défini ce qui se passera avec les 15 millions et réfugiés et déplacés qu’il y a à intérieur même de la Syrie. Le 60 % de la population a été forcé à laisser sa maison et sa ville. Ils se trouvent à la campagne, dans des tentes aux frontières, dans des centres de réfugiés ou déplacés, s'ils n’ont pas été massacrés par la scorie bachariste et ses alliés. Aujourd'hui ils survivent comme ils peuvent, face à une misère inouïe, même un million de fois pire qu'avant la révolution. La population a même reculé à une économie de subsistance, d'élevage de colombes, de brebis ou de chèvres pour pouvoir manger.
Les villes sont vides et détruites. Car Al Assad n'avait pas de base sociale. Son armée était composée seulement de mercenaires qui ne pouvaient pas prendre les villes et fuyaient quand ils devaient s’affronter aux masses armées insurgées. Alors, pour battre la révolution qui avait pris les villes, Bachar a dû détruire ces villes et les réduire presque à maquereaux.
La plupart de la population syrienne ne se trouve pas chez elle. Toutes les fractions bourgeoises savent que quand les réfugiés rentreront, ils trouveront tout détruit, ils n’auront pas de pain et s’ils sont devant un Assad détesté et sans institutions avec légitimité de domination, ils reviendront encore une fois aux insurrections pour le pain comme en 2011. C’est ce qu’elles veulent empêcher en reconstituant l’état et voilà le but des conférences internationales à Astana et à Genève.
La conférence au Kazakhstan a résolu que, pour le moment, ce qu’ils peuvent faire de mieux pour reconstituer l'état et que les masses ne fassent pas irruption, c’est de se consolider complètement chaque fraction bourgeoise dans les zones qu'elle contrôle, en battant les masses. Ainsi, peu à peu, en négociant entre eux, ils essaieront d'avancer dans la reconstitution d’un état unifié, et pour cela ils ont convoqué à de nouvelles conférences, comme celle qui aura lieu à Genève le 23 février.
Pendant ce temps, Trump, le président des conférences de Kazakhstan et de Genève, a déjà manifesté son objectif : diviser la Syrie en ghettos, appelés cyniquement des "zones sûres", où, avec son appareil militaire, chaque fraction bourgeoise contrôlera sa zone entourée de murs, ayant le rôle d’une police. Son idée est de faire de la Syrie un peu ce qu’on a fait en Afrique du Sud avec l'Apartheid ou dans la Palestine occupée par le sionisme… la régression à la barbarie et l’imposition d’un régime fasciste.
Dans les tranchées de la résistance l’étincelle de la révolution est toujours allumée
Les masses rebelles reprennent Daraa
Mais la haine devant pareil génocide et destruction et les souffrances inouïes subies par les masses poussent celles-ci, d'une manière permanente, à se mettre au combat. Aussitôt qu'une brèche est ouverte, elles peuvent à nouveau faire irruption.
C’est ce que nous avons vu à Daraa, une ville au sud de la Syrie presque à la frontière avec la Jordanie. Dans cette ville-là, d’après ce qu’on raconte dans les rues de la Syrie, des enfants de l’école élémentaire ont écrit les premiers slogans "pour la chute du régime" en 2011 et ont été saisis par le régime et on a mutilés leurs doigts. Cela a fait éclater la rage de tout le pays et a généralisé des mobilisations de masses dans toutes les villes.
À Daraa, comme dans tout le sud de la Syrie, la direction des partis-armées bourgeois avait signé avec Bachar un pacte de livraison après la chute de Daraya. Cependant, le front commandé par Al Nusra appelé Tahrir el Sham a mis deux voitures piégées face à un poste de contrôle des forces de Bachar dans une tentative de négocier avec celui-ci, vers la prochaine réunion à Genève.
Mais les masses, qui craquent de haine, ont vu cette action comme le meilleur moment pour reprendre les combats contre le régime bachariste. Alors, les masses de Daraa avec les réfugiés qui s’y trouvent (à la frontière Syrie – Jordanie il y en a plus de 2 millions) ont protagonisé un énorme soulèvement avec lequel ils ont expulsé les forces bacharistes et ont même pris presque toute la ville de Daraa, qui était jusqu'alors aux mains d'Al Assad.
La réponse contre-révolutionnaire ne s’est pas fait attendre. Immédiatement la Jordanie a fermé ses frontières. Bachar et Poutine ont commencé des bombardements massifs avec des bombes à fragmentation, détruisant les hôpitaux, etc. Et les généraux d'Al Nusra et de l'ASL se sont unifiés dans une salle d'opérations unique pour Daraa, avec l'objectif de faire ce qu’ils ont fait à Alep : centraliser leurs forces pour se mettre au-dessus des masses et pouvoir les contrôler, pour ensuite livrer les combats.
Cela démontre que même dans les pires des conditions, et avec Alep livré, dans les dernières tranchées de la résistance la révolution est toujours vivante et devant une petite étincelle toute la prairie peut se rallumer encore.
La contre-révolution a obtenu des victoires stratégiques. Les souffrances inouïes des masses ne cessent pas d'être approfondies. Depuis les conférences à Genève et au Kazakhstan on cherche à consolider le triomphe des ennemis de la révolution syrienne.
Voilà le rôle de tous et chacun des acteurs contre-révolutionnaires. Cela explique tant de pactes, tant de contrôle policier dans les zones libérées, tant de désarmement des masses et de discipline imposée par les armées. Et aussi tant de massacre de la part de Bachar qui continue à lancer ses bombes sans danger sur les dernières tranchées de la révolution, comme à Idlib et à Ghouta.
Voilà pourquoi la conférence au Kazakhstan n'est pas la conférence de la paix, c'est la conférence de la mort, du massacre et de l'imposition du régime du génocide, cette fois beaucoup plus fasciste qu’avant.
À bas les conférences au Kazakhstan et à Genève!
Dehors toutes les troupes d’invasion de la Syrie!
L'ennemi est Bachar Al Assad et il faut le battre à Damas!
À bas le plan de désarmement et de reconstitution de l'état bourgeois aux armées classiques des généraux de l'ASL et d'Al Nusra, sous le commandement turc et saoudien!
Place aux comités de coordination et à l'armement répandu des masses qui luttent toujours pour battre Bachar!
Abu Muad
Pour le journal "La Vérité des Opprimés" |