Éditorial - 8/06/2017 Syrie À bas la conférence à Astana et son plan de "zones sûres"!
La révolution syrienne traverse aujourd'hui un moment critique. Les bastions de la révolution, les villes libérées, nous les avons perdues. Les derniers quartiers de Damas qui se sont insurgé ont été contenus, siégés, massacrés et finalement les bus y sont arrivés pour commencer l'évacuation vers Idleb et Jarabulus. À Deraa les bombardements massifs continuent pour avancer sur ce plan. Ceux qui ont résisté jusqu'à la fin à Alep, à Homs, aux alentours de Hama et de Damas, à Daraya ont été désarmés, privés de toutes leurs affaires et conduits dans des bus à vivre sous des tentes dans la province d'Idleb. Dans l'est syrien, dans les provinces de Raqa et Deir ez Zor, il y a l'État Islamique qui n'est plus qu'un gardien des compagnies pétrolières impérialistes. Dans cette zone pétrolière, l'EI impose un ferme et strict contrôle militaire, en procurant que les puits de pétrole et les raffineries ne soient pas expropriés par les masses et que le pétrole continue de circuler vers le marché mondial. L'État Islamique pourvoit en même temps un grand prétexte aux États-Unis, à Assad et à Poutine pour qu'ils bombardent massivement les masses au nom d'une supposée "lutte contre le terrorisme". Ce sont eux les terroristes! Les États-Unis ne bombardent pas l'État Islamique mais des civils à Raqa, à Deir ez Zor et aussi dans la ville irakienne de Mossoul. Il y a des milliers et des milliers de morts par l'aviation yankee tandis que l'État Islamique n'a presque pas souffert des pertes et il continue d'être là. Dans le nord de la Syrie il y a des troupes américaines déjà postées. Elles ont mis les YPG kurdes directement sous leur commandement. Rojava est resté sous contrôle direct des États-Unis. Les commandants de l'ASL, ces prétendus "leaders de la révolution" (que personne n'a voté) sont allés à la conférence à Astana et ont signé un accord de désarmement, de cesser la lutte contre Bachar et d'accepter le contrôle militaire de forces étrangères qui n'ont fait que soutenir le chien assassin pour empêcher sa chute. C'est un accord qui cherche à imposer la reddition de la révolution. Mais la résistance ne se rend pas! Même habitant dans des tentes, même en travaillant 12 heures, même dans des conditions de misère, nous nous refusons à accepter les résolutions d'Astana. Dans Idleb, nous faisons des marches chaque vendredi pour rouvrir les fronts contre Bachar, pour la chute du régime, contre la conférence à Astana. Nous avons transformé Idleb en l'une des dernières tranchées de la révolution et le point de regroupement de la résistance. Les accords d'Astana sont une trahison et une livraison ouverte de la révolution sous le nom de "zones sûres", qui sont les zones rebelles que l'ASL commencerait à contrôler. Celles-ci sont Ghouta, Idleb, une partie de la province de Deraa et une zone au nord de la province de Homs. Sauf les zones déjà mentionnées du nord et de l'est de la Syrie, le reste du pays resterait sous contrôle d'Al Assad, soutenu par Poutine et par les Ayatollahs iraniens. La conférence à Astana vient à imposer la distribution de la Syrie et de ses affaires. Ils ont déjà négocié, ils sont déjà accordé … et en tout cas ils discutent entre eux s'ils en méritent une partie plus grande (ou plus petite). Voilà les discussions de l'Arabie Saoudite avec le Qatar, avec l'Iran, avec la Turquie, les attentats de l'État Islamique, etc. Tout cela n'a rien à voir avec la révolution, mais avec une discussion sur qui et jusqu'à quel point va se remplir les poches. Ils sont des hommes d'affaires, pas de révolutionnaires. Voilà ce qu'ont fait les généraux de la bourgeoisie sunnite en Syrie. Ils ont joué le rôle d'un Cheval de Troie à l'intérieur de nos rang, ils n'ont jamais voulu la chute du régime, mais seulement remplir ses poches. C'est pour cela qu'ils sont allés à une conférence internationale à Astana et ont réparti leurs affaires. Ceux qui n'y se sont pas rendus, comme le HTS (ex-al Nosra), ont accepté le même plan sans y aller. De cette manière ils posent en "garçons méchants", accusés de "terroristes", mais ils n'ont rouvert aucun front et ils se disposent seulement à administrer la "zone sûre" qu'ils contrôlent dans Idleb. L'argent, les affaires, le profit qu'ils ont tiré et qu'ils tirent aux dépens de notre sang les a unis. Ils participent tous à la division de la Syrie. Nous appelons à désobéir tout général de la bourgeoisie sunnite qui soit à Astana! Ils ne représentent pas la révolution syrienne et aux masses qui ont donné leur vie pour elle. Nous devons remettre sur pied les comités de coordination et nous organiser à nouveau pour lutter pour la chute du régime. Les décisions doivent être prises par les vrais protagonistes de la révolution et ne pas être imposées par les ordres de chefs militaires que personne n'a votés et qui sont sous la conduite de la conférence à Astana. Nous nous battons toujours pour vaincre Al Assad et tous ses alliés des génocides à Damas! Nous nous battons pour récupérer Alep! Nous voulons récupérer nos maisons, avoir une vie décente et manger! Pour cela, pour triompher contre Bachar, il faut exproprier tous les biens de la bourgeoisie et mettre tous les recours disponibles pour résoudre le problème du pain et pour pouvoir gagner la guerre! Ainsi nous aurons les fonds pour ce faire. C'est le missile le plus puissant que nous avons les masses, et les directions de la bourgeoisie sunnite ne nous ont pas permis de lancer ce missile. Al Assad a fait distribuer des tracts en appelant chaque ville rebelle siégée à se rendre, sous la menace de continuer son massacre. Il est temps de faire des milliers et des millions de tracts et de les lancer sur Damas et sur toutes les villes contrôlées par ce chien, en appelant à exproprier toutes les banques où la famille d'Al Assad, prête-nom de l'impérialisme, blanchit de l'argent et fait des affaires succulentes. En voyant que nous pouvons récupérer toute la richesse de la Syrie pour les Syriens, sans hommes d'affaires, sans généraux millionnaires et sans puissances impérialistes volant cette richesse, nous réveillerions sans doute un énorme soulèvement dans tout le territoire, y compris les zones contrôlées par Al Assad. Voilà le chemin pour triompher! Le dernier mot n'a pas encore été dit! Une Syrie révolutionnaire d'ouvriers et de paysans, bastion de la révolution du Maghreb et du Moyen-Orient, est toujours à l'ordre du jour. Nous ne nous sommes pas rendus! La révolution dans la région n'est pas morte. C'est ce que démontrent les combats du Maroc qui regagnent les rues pour les revendications inaccomplies de 2011. Ces demandes sont celles de tous les exploités de la région et de la planète. |